Qu’est ce que le communautarisme ?

Le terme communautarisme vient du latin « CUM » qui signifie ensemble et de « MUNUS » qui traduit le plus souvent une difficulté ou un problème. Ainsi, littéralement, le concept renvoie à un problème à résoudre ensemble ou en communauté. Cependant, les contours et les enjeux du communautarisme vont bien au-delà de cette simple définition. Souhaitez-vous en savoir plus sur cette notion ? Si oui, voici tout ce que vous devez savoir sur le communautarisme.

Le communautarisme : les origines historiques

Croyance politique et sociale du XXe siècle, le communautarisme est centré sur les intérêts de la communauté plutôt que ceux de l’individu. Le communautarisme est donc généralement opposé au Libéralisme, car cette théorie place les intérêts de l’individu au-dessus de ceux de la communauté. Durant le XXe siècle, la notion du communautarisme a été analysée par plusieurs militants sociaux et philosophes politiques comme Dorothy Day et Amitai Etzioni.

Cependant, nous retrouvons le communautarisme dès les premières doctrines religieuses. C’est le cas de la religion chrétienne où il y a des exemples dans l’ancien et le Nouveau Testament et plus précisément dans le livre des Actes.

C’est en 1980 que la notion de communautarisme a été créée par des philosophes sociaux qui comparaient le libéralisme contemporain et le libéralisme classique. Il s’agissait donc de la comparaison entre le libéralisme qui donnait le plein pouvoir aux gouvernements pour la protection des droits individuels et le libéralisme qui soutenait que les droits des individus devaient être protégés en limitant le pouvoir des gouvernements.

Quels sont les fondamentaux de la doctrine ?

Le communautarisme a une base théorique qui est née de la critique des partisans du libéralisme. C’est par exemple le cas de la théorie RAWLSIENNE exprimée par le philosophe politique américain John Rawls. Dans son ouvrage « A Theory of Justice » parut en 1971, Rawls soutient qu’une société juste est celle dont le bien-vivre de l’individu l’emporte sur celui de la communauté, ce qui est tout le contraire du communautarisme. En effet, pour le communautarisme, le bien-vivre de la communauté l’emporte sur celui de l’individu.

Contrairement au libéralisme de Rawls, la croyance des communautaires et l’apport de chacun pour le bien commun définissent le sentiment d’appartenance et l’identité sociale de chaque individu. Selon la philosophie du communautarisme, la communauté est un groupe de personnes qui a les mêmes traditions ou valeurs façonnées par une histoire commune.

Quelques théoriciens communautaires

De nombreux chercheurs ont élaboré des théories sur le communautarisme.

Ferdinand Tönnies

Ferdinand Tönnies (26 juillet 1855-9 avril 1936) est un grand sociologue et économiste Allemand qui a été l’un des éminents pionniers du communautarisme. Avec son essai « Gemeinschaft and Gesellschaft » de 1887 qui signifie « Communauté et société », il propose une analyse des formes d’appartenance aux groupes et de leurs fondements. Il a cofondé la Société allemande de sociologie en 1909 et en a été le président jusqu’en 1934. Tönnies est considéré comme le père de la sociologie Allemande.

Amitai Etzioni

Né le 4 janvier 1929, Amitai Etzioni a aussi marqué l’histoire du communautarisme. Sociologue israélien et américain d’origine allemande, il a beaucoup travaillé sur les impacts du communautarisme sur la socio-économie. C’est d’ailleurs grâce à ces travaux qu’il s’est fait connaître. Il insiste sur l’importance de trouver un équilibre entre les droits individuels et les responsabilités envers la communauté dans son livre La société active et L’esprit de communauté et dans plusieurs de ses autres livres.

Dorothy Day

Parmi les théoriciens communautaires qui ont marqué l’histoire, il y a également Dorothy Day. C’est une journaliste américaine, militante sociale et anarchiste chrétienne née le 8 novembre 1897 et décédée le 29 novembre 1980. Avec le Catholic Worker Movement, elle a participé à la formulation de la philosophie communautaire. Elle a précisé dans le journal Catholic Worker que la marque du communautarisme compatissant du mouvement était basée sur le dogme du Corps mystique du Christ en disant : « Nous travaillons pour que la révolution communautaire s’oppose à la fois à l’individualisme brutal de l’ère capitaliste et au collectivisme de la révolution communiste ».

Quelques approches du communautarisme

Voici quelques approches du communautarisme.

Le communautarisme autoritaire

Apparue au début des années 80, cette doctrine reflétait les pratiques sociales des sociétés autoritaires d’Asie de l’Est. Pour ces communautaires, le peuple devait céder certains droits ou libertés individuels au profit de la société dans son ensemble, car le bien-être individuel de chacun était fonction du bien-être commun. Dans ces sociétés autoritaires qu’elle reflétait, nous retrouvons Singapour, la Chine et la Malaisie. Dans ces régions, les individus étaient censés trouver leur sens ultime dans la vie grâce à leurs contributions au bien commun de la société.

Le communautarisme réactif

Le communautarisme réactif a été développé en 1990 par Amitai Etzioni. Contrairement au communautarisme autoritaire, le communautarisme réactif cherche à trouver un équilibre entre les droits individuels et les responsabilités sociales envers le bien commun de la société. Pour elle, il n’y a aucune négligence à faire, car les libertés individuelles s’accompagnent de responsabilités individuelles. Selon la doctrine communautaire moderne, c’est par la protection de la société civile dans laquelle les individus respectent et protègent leurs droits ainsi que les droits d’autrui que les libertés individuelles peuvent être préservées.

Aujourd’hui, le communautarisme est beaucoup assimilé à la religion. Cela crée de forts débats entre la priorité de la loi de la République (l’État ou le vivre ensemble) face à la loi de Dieu tel que vu par les communautés religieuses.